JULIEN

II

 

Chapitre 23


 

La Roche tarpéienne


 

- Quelqu'un peut-il me dire qui est l'imbécile qui a eu l'idée de garder ce prisonnier dans la Bulle ?!!! Allez ! Dites-moi qui va servir de matériel d'entraînement aux interrogateurs novices !

La fureur du Premier Conquérant était comme un nuage terrible qui emplissait la Salle de Décision. Comme personne, parmi la douzaine de Responsables de secteurs ne se hasardait à parler, il poursuivit en haussant encore d'un cran la force et la rage contenue dans ses paroles :

- J'exige de savoir qui est responsable de la destruction du générateur de saut ! Je veux le savoir immédiatement ! Je veux que celui qui a eu la brillante idée d'attirer l'ennemi tout droit sur notre arme la plus précieuse ait tout le temps de regretter son insondable incompétence ! Vendikray, répondez-moi ou je commence par vous faire servir d'exemple pour montrer à tous ce qu'il en coûte d'hésiter à obéir !

Un personnage trapu, aux cheveux d'un noir de jais, rectifia sa position et déclara, en s'efforçant de garder une voix ferme :

- Le Coordinateur Rentlaw pensait qu'il serait impossible à un Passeur de retrouver la trace du prisonnier Tannder. Ces créatures ne sont pas censées...

- Ces créatures n'étaient pas non plus censées remonter la trace que nos sauts non-spatiaux laissent apparemment à-travers tout l'univers ! Ça non plus, ce génie ne l'avait pas prévu ! Pas plus que nos géniaux savants et leurs géniales machines à penser ! Mettez-moi en communication avec ce crétin !

Le Responsable de Premier Ordre Vendikray porta la main à son oreille et tenta péniblement d'avaler une salive qui s'obstinait à refuser de descendre :

- Je crains que cela ne soit pas possible, Premier Conquérant, murmura-t-il.

- Où qu'il se cache, je veux qu'on le débusque immédiatement ! S'il s'imagine pouvoir échapper au châtiment que lui vaudra sa stupidité, il se trompe !

- L'Œil de Dalault vient de disparaître.

- Quoi ?! La station est détruite ?!

- Non, Premier Conquérant, l'Œil de Dalault a disparu.

- La planète entière ?! C'est impossible !

- Une navette qui devait l'atteindre dans un jour-et-demi l'a vue imploser. Les scanners ne détectent semble-t-il aucun débris.

Il fit une pause pour écouter son transmetteur dans un silence plus impressionnant encore que l'explosion de rage du Premier Conquérant, puis il reprit :

- L'observatoire de la station de Ghentrix IV confirme la disparition de l'Œil et signale une légère altération de la rotation et de l'orbite de Dalault.

- Responsable Scientifique Arkenx, vous avez un avis ?

La voix Du Premier Conquérant était à peine au-dessus du murmure. La Responsable, une femme d'âge moyen et d'allure plus martiale encore que ses collègues, prit le temps de réfléchir avant de hasarder une explication :

- On pourrait penser que les dégâts causés au générateur de non-champ et la surcharge provoquée par l'explosion des collecteurs d'énergie ont envoyé la planète dans le non-espace. Mais ce n'est là qu'une première hypothèse...

- Quand pourra-t-on remettre un générateur de saut en fonctionnement ?

- Je ne sais pas, Premier Conquérant. Ce dispositif, comme vous le savez, nécessite des quantités colossales d'énergie. À moins d'utiliser l'énergie de notre monde lui-même, il faut d'abord trouver une planète ou un satellite qui convienne. Il n'en existe pas d'autre dans notre système et le système le plus proche, celui de Mendek, est à plusieurs dizaines d'années de voyage sub-luminique. De toute façon, les coordonnées des Neuf Mondes changent en permanence et c'est un miracle que nous ayons pu les atteindre une première fois. Faute de pouvoir réactualiser les données, nous les aurons perdus dans moins de deux jours.

- Êtes-vous en train de me dire que nous venons de perdre définitivement le contact avec ces mondes qu'il nous a fallu des centaines d'années pour localiser ?

- Permettez-moi de rectifier, Premier Conquérant. Nous n'avons jamais ''localisé'' les Neuf Mondes. Nous les avons contactés. En fait, nous avons contacté Nüngen et nous nous y sommes transportés à-travers le non-espace. Mais nous n'avons pas la moindre idée de leur emplacement dans l'espace réel. Ils sont probablement hors de portée de tout ce que nous pouvons imaginer en matière de voyage spatial. Même la Flotte de Transit ne pourrait certainement jamais les atteindre. Oui, je crains qu'à moins de développer les étranges talents des Passeurs, nous ne soyons à jamais coupés des Neuf Mondes. Je me permets aussi d'ajouter que ce malheureux événement a une autre conséquence, que vous jugerez sans doute aussi fâcheuse qu'injuste : il n'y a pour l'heure plus rien à conquérir et les membres de ce Conseil de Décision seront sans doute d'accord pour conclure que ceci, Premier Conquérant, met fin à la fois à vos fonctions, à votre rang et à votre autorité.

Le Premier Conquérant s'apprêtait à remettre en place l'insolente femelle lorsqu'un coup d'œil sur les visages fermés des autres membres du Conseil de Décision le poussa à s'abstenir. Il aurait de la chance de sortir vivant de ce fiasco et la première mesure à prendre était, sinon de se concilier les bonnes grâces des autres, du moins d'éviter de les pousser à le haïr plus qu'ils ne le faisaient déjà.


 

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Chapitre 24


 

Éclaircie


 

La lumière d'une matinée qui s'annonçait particulièrement radieuse baignait le petit clos privé où Julien partageait son petit déjeuner avec Ambar, Niil et Dillik. C'était l'un des rares endroits de la base conçus pour être agréables et ils en jouissaient d'autant plus qu'ils ignoraient littéralement où ils seraient le lendemain.

- Quelqu'un sait comment va Tannder ? s'enquit Dillik.

- Karik a passé la nuit près de lui, l'informa Julien. Les Maîtres de Santé disent qu'il devrait se remettre, mais il va avoir besoin de beaucoup de repos.

- Je crois que Karik s'est encore distingué, non ? Demanda Niil.

- Oui. Je dois dire qu'il est redoutablement efficace. Tannder peut être fier de lui.

Dennkar et Maître Subadar firent leur entrée. Il était assez inhabituel qu'ils s'invitent sans prévenir.

- Pardonnez-nous d'interrompre votre déjeuner, s'excusa Dennkar, mais nous avons une nouvelle d'importance, et qui devrait réjouir tout le monde.

- Vous êtes toujours les bienvenus, quelles que soient l'heure ou les circonstances, les assura Julien. Si en plus ce sont des bonnes nouvelles, on est impatients de vous entendre.

- Eh bien, vous savez combien Aïn est perfectionniste dans son domaine. Il a décidé d'aller constater le résultat de votre expédition et Wenn Hyaï a bien sûr insisté pour l'accompagner. Je dois dire que je n'étais pas très chaud, mais personne n'a encore trouvé le moyen d'empêcher un Passeur d'aller où il l'a décidé. Ils sont donc partis tous les deux et ils sont revenus immédiatement. En fait, je ne les ai pas vus quitter la pièce, mais il paraît qu'ils sont restés un bon moment dans l'En-dehors. D'après eux, la géante gazeuse est toujours à sa place, mais il n'y a plus trace du satellite où se trouve la base ennemie. Tout ce qui en reste, c'est un invraisemblable vortex dans l'En-dehors. Ils sont presque certains que vous avez provoqué une catastrophe majeure en interférant avec leurs machines. Ils pensent que les dégâts s'arrêteront là, mais ils n'excluent pas que la géante elle-même puisse être déstabilisée.

- J'espère seulement que l'ennemi n'a pas une autre base du même genre prête à prendre le relais.

- Aïn et Wenn Hyaï sont déjà en train de mettre au point un plan pour reconnaître le système dans son entier afin de s'en assurer.

- Je suppose qu'il est inutile que je parle de prudence, ou même de prendre un peu le temps de souffler.

- En effet, intervint Maître Subadar, je l'ai déjà fait sans le moindre succès. Ils sont décidés à ne pas attendre que l'ennemi se soit ressaisi. Je dois reconnaître qu'ils n'ont pas tort. Mais j'ai moi aussi une bonne nouvelle : Tannder est de nouveau conscient. Il refuse de se laisser mettre sous sédatifs et il a insisté pour que des analystes de son Ordre sondent tout-de suite son esprit. Karik a certainement dû se mordre la langue pour ne pas intervenir, mais je suppose qu'il est déjà heureux d'être autorisé à demeurer près de son Maître.

- Nous irons le voir dès qu'on nous y autorisera. Sait-on s'il conservera des séquelles de cette histoire?

- Il est trop tôt pour le dire, mais les Maîtres de Santé n'ont pour l'instant rien constaté qui ne puisse être réparé avec des soins et du temps.

- Dennkar, vous pensez qu'on a vraiment vaincu l'adversaire?

- Je crois qu'on lui a porté un coup terrible. Nous en saurons bientôt un peu plus. Mais il y a encore bien des choses que je ne m'explique pas. Je crois que ce n'est pas encore le moment de relâcher notre vigilance.

- D'accord. Si vous le permettez, je vais aller rendre visite à Tenntchouk et puis j'aimerais bien passer un moment au lac de Rüpel Gyamtso. La maison est agréable et ça nous permettra de nous détendre tout en réfléchissant à un plan d'action. J'en ai un peu assez de me terrer dans des endroits comme celui-ci.

- Tant que nous n'aurons pas clairement identifié tous les dangers, je recommande que nous nous en tenions à ce que nous avons décidé. Je vous propose de passer la journée où vous le voudrez, mais de revenir à la base de Tandil chaque nuit.

Julien soupira. Il ne pouvait pas vraiment en vouloir à Dennkar. Il se tourna vers ses autres compagnons :

- Vous venez avec moi ?

- J'aimerais bien, dit Niil, mais j'ai plein de choses à faire sur Dvârinn. Je ne suis pas en vacances, moi. Je suis un personnage important.


 

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Depuis que Tenntchouk avait été tiré du sommeil, un petit clos confortable avait été alloué aux deux matelots. Gradik couvait son camarade d'un œil attentif aux moindres signes de fatigue ou de malaise, mais Tenntchouk semblait relativement en forme malgré les bandages qui lui enserraient encore la poitrine et le ventre. Une balafre en bonne voie de cicatrisation lui barrait le front et une partie de la joue et on pouvait se demander comment il n'avait pas perdu un œil dans son bref combat contre le ghorr. Mais il semblait se soucier comme d'une guigne de ses blessures et seule une joie sincère se lisait sur son visage honnête.

- Gamin, tu peux pas savoir comme ça me fait plaisir que tu sois là. Gradik, y m'a dit que t'es venu presque tous les jours, même si t'as plein d'autres soucis, et que ça lui a bien soutenu le moral. J'ai toujours su qu'on pouvait compter sur toi.

- Et moi je suis content de pouvoir enfin vous remercier d'avoir sauvé ma carcasse. Sans vous, je n'aurais jamais eu le temps de réagir.

- Bon, ben... On va pas en parler pendant des heures.

- Comme vous voudrez. Je voulais aussi vous dire que, si ça vous tente, mes parents seraient ravis de vous accueillir tous les deux pendant que Tenntchouk continuera à se remettre. À votre place, j'accepterais l'invitation. Mon père adore les bateaux, il sera ravi d'entendre le récit de vos voyages, et ma mère sera certainement enchantée d'avoir des invités à dorloter et de vous raconter des tas de choses sur mon compte que je préfère ne pas entendre.

- C'est gentil à eux, Gamin, mais on peut pas trop. Qu'y faut aussi qu'on s'occupe un peu du bateau. Un bateau, si tu t'en occupes pas, y dépérit, tout seul, comme ça. Non, le mieux c'est qu'on retourne à Kardenang dès que Tenntchouk y pourra marcher un peu.

- Si c'est le fait d'aller régulièrement rendre visite au bateau qui vous préoccupe, il y a toujours un Passeur chez mes parents, au cas où. Je suis certain qu'il considérera comme un honneur de vous y emmener aussi souvent que vous le voudrez. De toute façon, si vous avez besoin des services d'un Passeur, vous n'avez qu'à en faire demander un quand vous voulez, sur mon compte. Quand je vous ai dit que je vous considérais comme de la famille, j'étais sérieux. Pensez-y et vous me direz demain ce que vous voulez faire. En attendant, on va vous raconter les ''Exploits de Karik et des deux Maîtres Passeurs''. Vous pourrez peut-être en faire une ballade.


 

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Cependant, plutôt que de s'ébattre avec les Lou tchenn du lac de Rüpel Gyamtso comme il l'avait espéré, Julien se retrouva bientôt dans une pièce souterraine de la base de Der Mang pour entendre Dennkar faire une synthèse des derniers rapports de situation.

- Aïn et Wenn Hyaï ont trouvé ce qui semble être le monde d'origine de l'ennemi. C'est, comme il fallait s'y attendre, un monde hautement industrialisé et très densément peuplé et dont les conditions d'habitabilité laissent quelque peu à désirer. Il est encore trop tôt pour être absolument affirmatif, mais nos Passeurs n'ont détecté aucune autre trace d'activité de machine à voyager dans l'En-dehors. Il semble que les besoins en énergie de cet appareil sont si énormes qu'il ait été nécessaire de l'installer sur le satellite, maintenant disparu, de cette géante gazeuse. En tout état de cause, ces gens disposent de la technologie permettant le voyage entre les planètes. Cette même technologie qui a depuis fort longtemps été délaissée dans les Neuf Monde pour la simple raison que, contrairement au saut dans l'En-dehors, elle ne saurait permettre de relier entre eux des mondes propres à abriter la vie telle que nous la connaissons, ou même simplement d'explorer quelque peu l'univers. On peut donc penser que tout danger est écarté de ce côté, du moins dans l'immédiat. Les Passeurs ont laissé un klirk-cible qui permettra à des équipes de surveiller et d'étudier ce monde. Je pense que nous devrions aussi tenter de retrouver ceux des ennemis qui ont été coupés de leur monde et se trouvent en quelque sorte naufragés parmi nous.

- Bon, eh bien, voilà une chose presque réglée. Vous pensez qu'on peut refermer ce dépôt d'armes ? Je ne suis vraiment pas tranquille.

- Dans la mesure où nous l'avions ouvert pour faire face à la menace qui vient d'être écartée, on pourrait envisager, effectivement, de le refermer. Un compte extrêmement précis a été tenu des armes utilisées et en particulier de celles qui ont été confiées aux unités d'élite pour les besoins de l'entraînement ou de la sécurité.

- C'est parfait. Je pense qu'il faut tout récupérer. Y compris les petites armes de poing. Karik et Niil ne seront sûrement pas contents, mais je refuse qu'on fasse des exceptions. Quand vous serez sûr que tout est rentré, je fermerai définitivement le dépôt, qui restera de toute façon sous la garde de son Neh kyong.

- Bien, Sire. Je vais personnellement veiller à ce qu'on respecte vos consignes.

- Nous pourrions aussi, ajouta Maître Subadar, poursuivre l'excellente politique d'information que vous avez commencé à appliquer et publier un communiqué faisant état de la situation telle qu'elle est, sans rien cacher.

- Oui, continua Dennkar, et nous pourrions aussi suggérer aux agents ennemis infiltrés et qui sont maintenant définitivement coupés de leur base, qu'ils seraient bien inspirés de prendre contact avec les Miroirs des mondes où ils se trouvent piégés. Nous pourrions leur garantir le pardon contre une collaboration qui nous permettrait, à terme, de mieux connaître leur culture.

- Effectivement, renchérit Subadar. Et s'ils sont encore à même de communiquer avec leur monde - du moins, pour un temps - ça pourrait être intéressant. Malgré tout, Julien, j'insiste sur le fait que toutes nos questions n'ont pas encore trouvé de réponse. Il subsiste une menace, et elle est d'autant plus préoccupante que nous n'avons pratiquement aucun indice sur sa nature.

- J'espère que vous ne suggérez pas que je continue à me cacher pendant le reste de mon existence.

- Certainement pas ! Mais je pense qu'il est d'autant plus urgent de reprendre le programme destiné à vous faire retrouver les connaissances et les aptitudes nécessaire à l'exercice de vos fonctions. Sans parler de la nécessité de reconstituer une réserve de Corps Dormants. Il me semble aussi qu'il pourrait s'avérer utile de réinvestir le Palais impérial.

- Si je comprends bien, vous n'avez pas l'intention de m'accorder des vacances.

- Disons plutôt que je souhaite vous éviter l'ennui d'une existence oisive.

- Je vous en suis reconnaissant. En attendant, est-ce que je peux aller voir Tannder ?

- Je crois que les Maîtres de Santé ne vous en empêcheront pas.


 

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Bien qu'il se fût mentalement préparé, Julien eut quand même un choc. Tannder semblait plus vieux d'au moins dix ans et ses cheveux presque rasés avaient viré du noir au gris. Il y avait quelque chose de bouleversant à découvrir que l'inébranlable Guerrier était en fait à un souffle de la mort. Karik, qui s'était tenu assis à côté de son lit se leva à l'entrée de Julien. Il tentait de faire bonne figure, mais l'angoisse qui se lisait sur son visage en disait plus que tous les bulletins de santé. Tannder ne dormait pas, cependant, et il ouvrit des yeux où brillait toujours la même détermination.

- Sire...

- Tannder, gardez vos forces. Remettez-vous aussi vite que vous le pourrez. J'ai besoin de vous.

- J'ai commis une erreur.

- Peut-être. Mais c'est comme ça qu'on a fini par débusquer l'ennemi. Et vous avez aussi formé Karik. Il a été digne de vous et on lui doit une bonne partie de cette victoire. Xarax dit qu'il est aussi courageux qu'un haptir et qu'il est fier d'être de ses amis.

- Vous vous êtes mis en danger. Vous n'auriez pas dû.

- Je n'ai jamais été vraiment en danger. Tout ce que j'ai fait, c'est vous ramener à la maison. C'est Karik et les Passeurs qui ont fait le vrai travail. Maintenant, je vous demande de vous reposer. Je suis certain que Karik sera heureux de vous tenir compagnie. Il est officiellement chargé de votre sécurité et de votre bien-être et il faudra bien vous en accommoder.

Tannder eut un pâle sourire.

- Il est normal que je sois puni pour mes fautes...

- C'est ça. Et... quand les Maîtres de Santé jugeront qu'on peut vous laisser quitter cet endroit, je vous suggère d'aller vous installer à la maison de Rüpel Gyamtso pour votre convalescence. Évidemment, je serai obligé d'aller vous y voir assez souvent bien que ce ne soit pas vraiment pratique, mais je suis prêt à faire un petit sacrifice pour votre santé et au nom de notre amitié.


 

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